A Forces Egales [PV Lill]

Elle y va doucement, commençant par me prendre la main, puis en ancrant son regard dans le mien. Ses yeux bleus sont froids, glacés comme le souffle qui a traversé la pièce. C'est grisant comme sensation d'ailleurs. D'un geste, elle m'entaille la main, ça ne me fait pas mal. Mon sang coule et elle me tend la lame. Je comprends alors ce que je suis sensée faire sans même qu'elle ait à ouvrir la bouche. Je prends possession du poignard. Je n'hésite plus, après tout, le stade de ce rituel est bien trop avancé pour faire de mi-tour, n'est-ce pas ? Et je n'en ai pas réellement envie, je pense. Je prends donc sa main, elle est tout aussi froide que ses yeux et pâle que les tombes en marbre de la pièce. Je remarque son sourire, un sourire presque mal-sain. Je ne m'en formalise pas, je ne m'en formalise plus. Je me reconcentre sur sa main et fais à mon tour une coupure nette et propre. Voir ce sang qui coule me fait un effet étrange et je tente de réprimer ça du mieux que je peux. Je repose le couteau et attends de voir ce qu'elle compte faire maintenant. J'ai comme l'impression qu'on n'est plus très loin du but...

Nombre de messages : 97 Date d'inscription : 27/11/2007

Sans aucune hésitation, Lill a tranché nette la paume de ma main. Je n'en n'attendais pas moins d'elle. Immédiatement, mon sang se met lui aussi à couler.
Il ne faut plus perdre une seule autre seconde. Alors, toujours avec cette maitrise et ce calme dont j'ai fait preuve dès le début, je saisi sa main et applique ma paume ensanglantée contre la sienne, resserant mes doigts sur sa chair de telle sorte que nos mains se joignent comme en signe de prière.

L'effet est immédiat. Un nouveau souffle s'engouffre dans la pièce et nous transperse de toutes parts. Ce n'est plus aussi gênant que la première fois, c'est même étrangement agréable et... appaisant. Je ferme les yeux pour me laisser impreigner de cette sensation. Une sensation qui semble ne plus vouloir disparaitre alors que je sens pénétrer en moi le souffle de la connaissance.
Désormais je sais. Difficile d'expliquer comment, mais je sais. Je comprends le fragile équilibre qui constitue le monde et je sais également que je suis désormais capable d'en maitriser les éléments. Je comprends la vie, je comprends le monde, je comprends la notion de bien et de mal. Et puis je comprends Lill. J'accède à un tel savoir sur elle qu'il me sera impossible de faire demi-tour, je le sais. J'ai l'impression de la connaître, de l'avoir toujours connue, comme si elle faisait partie de moi. J'ouvre les yeux et constate que le souffle s'est également emparé d'elle.
J'ai perdu toute notion de temps et d'espace. Plus rien ne compte que moi et Lill, au centre du monde. J'en viens à me demander depuis combien de temps nous sommes là, dans cette situation.

Et puis je sens mes forces s'épuiser. Je tente de résister du mieux que je peux, mais la puissance qui s'est emparrée de nous est bien trop grande, Lill aussi l'a constaté.
Combien de temps encore tiendrons-nous avant de nous écrouler au sol ?

Elle a collé sa main contre la mienne et je n'ai pas eu le temps de souffler. D'un seul coup un vent a traversé la pièce et nous a traversées. Pourtant, même si il est plus violent, il n'est pas aussi grisant que le premier. La déchue ferme les yeux pour se délecter de l'effet que ce souffle a sur nous mais j'ai préféré garder les miens grand ouverts pour ne rien rater de tout ce qu'il se passait. Tout ce qui vient s'insuffler en nous est tout simplement indescriptible. J'ai l'impression que de nombreux savoirs viennent se greffer à ceux que j'ai déjà acquis. C'est très étrange mais presque rassurant. C'est comme si je comprenais tout, tout ce qui constitue ce monde que je pensais connaître à tort. Mais ce qui me surprend le plus n'est pas ce savoir là, ce qui me surprend, c'est que j'en viens à comprendre Crystal. Je la comprends comme si elle & moi, ça durait depuis une éternité. Comme si rien ne m'échappait venant d'elle, comme si désormais, j'allais pouvoir prévoir le moindre de ses faits et gestes, que j'allais pouvoir deviner la moindre de ses pensées, telles qu'elles soient. Je ne sais pas si c'est bon à considérer, mais le fait est que c'est ainsi. Ce souffle devient plus fort, je réalise que l'angelotte a rouvert les yeux. La puissance qui nous traverse est dévastatrice et j'ignore combien de temps nous pourrons lui résister. Même si le but était de se faire insuffler tout ce que cette puissance a à nous donner, il n'est pas sensé y avoir trop de dégâts. Or tout ça commence à perdre de sa plaisance...

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Le souffle devient de plus en plus oppressant. Au fond de moi, je sais qu'il faut tenir le plus longtemps possible pour absorber un maximum de connaissances et de pouvoirs. Alors je rassemble tout ce qu'il me reste de forces pour ne pas briser le lien. Je sais que Lill en fera de même, je sais désormais de quel courage et de quelle tenacité elle est capable. C'est étrange à dire mais, tandis que je redouble d'effort, j'ai comme l'impression que cette capacité qui lui est propre entre en moi... comme si Lill partageait, volontairement ou non, son pouvoir avec moi.

Nous restons ainsi, suspendue l'une à l'autre, pendant encore un moment qui semble durer une éternité. Puis le souffle commence à perdre de son intensité... ou bien est-ce nous qui avons réussi à surmonter cette force ? L'énergie qui est violemment entrée en nous semble à présent nous quitter d'elle même. Elle diminue, diminue, puis en vient à disparaître complètement.

Comme usées par l'épreuve que nous venons de surmonter ensemble, Lill et moi tombons à genoux sur le sol.
La sensation est l'une des plus désagréable que j'ai connue. J'ai l'impression d'avoir combattu mille démons. C'est douloureux, c'est comme si je venais de recouvrer mon corps dont j'avais oublié l'existence durant le rituel. J'en redécouvre le poids et les contraintes. Une sensation réservée d'ordinaire aux mortels...
J'ai l'impression d'être un nouveau né, comme si je respirais pour la première fois à travers ces poumons, comme si je voyais pour le première fois avec ces yeux, que je touchais et ressentais les choses pour la première fois avec ce corps qui me semble étranger...

A mesure que les sensations me reviennent, je constate que ma main n'a pas quittée celle de Lill. Haletante, je relève la tête pour m'assurer qu'elle va bien, même si cette réponse est déjà en moi.
Je la regarde alors d'un regard nouveau, d'un regard qu'il est difficile de décrire et que personne d'autre qu'elle ne peut comprendre. Je la regarde comme si c'était moi que regardais, je contemple celle qui fais désormais parti de moi et dont je connais jusqu'aux moindres pensées.

» ~ Lill Powter ~